Le harcèlement scolaire est l’affaire de tous

"Et si on en débattait" interrogeait l’académie de Besançon le 10 novembre à l’occasion de la journée nationale "Disons stop au harcèlement scolaire". Un colloque organisé à la Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement a réuni de nombreux enseignants de toute l’académie.

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Le programme pHARe

Le ministère de l’Education Nationale a développé un plan d’actions de prévention qui se décline sur tout le territoire et toute l’année pour combattre toutes les formes de harcèlements à l’école. Ce programme s’adresse prioritairement à toutes les écoles élémentaires et les collèges publics depuis la rentrée 2022.

Il s’articule autour de 8 piliers : mesurer le climat scolaire, éduquer pour prévenir les dérives, former une communauté protectrice d’enseignants et de professionnels auprès des élèves, intervenir efficacement sur les situations de harcèlement, associer les parents et communiquer, mobiliser les instances de démocratie scolaire, suivre l’impact des actions et mettre à disposition une plateforme dédiée aux ressources.

« Des mots qui provoquent des maux »
Colloque le 10 novembre 2022 à la MSHE Place Saint Jacques à Besançon, animé par Cécile Beisser Voignier, référente académique sur le harcèlement scolaire ©YQ

Une mère de famille a bien résumé la difficulté des parents à identifier les situations de harcèlement « à l’école primaire, nous sommes attentifs constamment au bien-être de notre enfant. Nous pouvons déceler plus facilement les problèmes qu’il peut rencontrer. Dès le collège, cela devient plus compliqué. Les enfants « harcelés » peuvent se renfermer et on met parfois cela sur le compte de l’adolescence ».

Une jeune lycéenne témoigne également « au lycée, les phénomènes de harcèlement se poursuivent souvent dans l’indifférence des autres élèves et du corps enseignant ».

Un directeur d’école primaire en zone rurale qui regroupe trois villages témoigne également de situations de harcèlement dans les bus scolaires « le harceleur se sent intouchable. Il n’y a pas toujours de personnel d’accompagnement et le conducteur ne peut pas assurer la discipline dans son car tout en conduisant ».

Entre micro-violences et harcèlement

« Faire tomber la trousse d’un élève une fois, deux fois, 10 fois, c’est déjà du harcèlement » souligne une autre intervenante.

Pour autant, les bagarres entre élèves existent depuis des lustres. Louis Pergaud les mettaient en scène en 1912 dans « La guerre des boutons ». Aujourd’hui, Lebrac, le chef de l’armée de Longeverne « malin comme un singe, têtu comme une mule et vif comme un lièvre » comme le décrit Louis Pergaud, aurait déjà fait l’objet de multiples exclusions.

Et un enseignant d’ajouter « Longtemps les bagarres, les intimidations, les moqueries entre élèves étaient considérées comme des éléments de l’école de la vie… » ! « Nous sommes peut-être passés d’un extrême à l’autre. Surprotéger les enfants, est-ce leur apprendre à faire face à la vie qui n’est pas un long fleuve tranquille ».

Quand le harcèlement sort du cadre scolaire

Au temps de la Guerre des boutons, les smartphones n’existaient pas. Les réseaux sociaux sont devenus une annexe du harcèlement scolaire autrement plus dangereuse. Vidéos et photos volées diffusées sur Instagram ou TikTok, jeux en ligne où fiction et réalité se mélangent. « Le harcèlement devient dématérialisé et très difficile à détecter avant d’éventuels drames » insiste Cécile Beisser Voignier du rectorat de Besançon.

Pour Lydie, une jeune lycéenne « il n’y a pas de différence entre micro violences et harcèlement ». Les exemples sont nombreux ! On retiendra celui de collégiennes de 3e interdisant aux 6e d’aller aux toilettes ! Est-ce du harcèlement ? Pour une CPE (Conseillère Principale d’Education) « il n’est pas simple de qualifier les actes entre micro violences et harcèlement ».

En conclusion, Cécile Beisser-Voigner, référente académique au harcèlement scolaire et animatrice de la journée du 10 novembre, a insisté sur l’importance de la prévention et la formation de tous les acteurs de la « chaîne éducative ».

Yves Quemeneur