100% de gaz vert à l’horizon 2050

C’est l’objectif que se fixe GRDF le principal gestionnaire de distribution de gaz en France. Passer du gaz fossile au gaz vert, un challenge ambitieux de souveraineté énergétique. Eric Passetti, Directeur territorial GRDF de Bourgogne Franche-Comté, a exposé les objectifs de méthanisation dans la région.

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La méthanisation, une énergie renouvelable et propre ? ©DR

L’opérateur national compte 11 millions de clients (particuliers et professionnels). Le gaz contribue aujourd’hui à 20% des émissions de CO². C’est un levier important dans les efforts de décarbonation attendus, en particulier au travers de 3 axes, partagés par les producteurs et les consommateurs.

40% des logements en France sont alimentés au gaz

Le premier levier consiste à gagner en efficacité énergétique par le remplacement des anciennes chaudières par des chaudières THPE (Très Haute Performance Energétique) et le déploiement des pompes à chaleur hybrides. Ce sont plusieurs millions de tonnes de CO² qui seraient économisés. Le second levier tend à renforcer les économies d’énergie en incitant les utilisateurs à diminuer leur consommation. Du simple bon sens !

Le dernier levier vise à développer les gaz verts. En 2024 en France, 657 sites de méthanisation injectent dans le réseau de gaz 11 TeraWh/an de biométhane, équivalent à la consommation de 2,7 millions de logements neufs. Très optimiste, Laurence Poirier-Dietz, la directrice générale de GRDF ne craint pas d’affirmer que « la production de gaz vert pourrait atteindre la capacité de 11 réacteurs nucléaires ». A l’horizon 2030, GRDF compte sur 3% de gaz renouvelable en France…Nous sommes encore loin des 100% escomptés dans 25 ans.

22 sites de méthanisation en Bourgogne Franche-Comté

La production de gaz vert a augmenté de 28% dans la région en 2023, soit 397 GigaWh de biométhane. Ce sont 10 000 logements neufs et 82 000 tonnes de CO² économisés. La Bourgogne Franche-Comté est en avance sur l’ensemble du territoire. Sa consommation de biométhane atteint en effet 3,8% de la consommation totale de gaz.

9 projets de méthanisation en cours

Anthony Nappez, conseiller communautaire délégué de Grand Besançon, en charge des réseaux de chaleur et du gaz, a rappelé les deux appels à projets pour la construction d’unités de méthanisation sur le territoire de la métropole. Ces projets, portés par les professionnels de l’agriculture, permettront de produire localement un gaz renouvelable issu des résidus agricoles, d’effluents d’élevage et de déchets issus des territoires. Au-delà de l’indépendance énergétique, élément clef de la souveraineté, c’est aussi le développement d’une économie circulaire et l’assurance d’une agriculture durable et pérenne. Les déchets issus de la méthanisation (le digestat) produisent un engrais naturel, un substitut aux engrais minéraux d’origine fossile. Pour l’élu de Grand Besançon, c’est donc un challenge important dans le développement du gaz vert dans le Doubs. « C’est une opportunité pour les territoires ruraux d’agir sur l’aménagement de leur territoire tout en répondant aux attentes liées à la transition énergétique ».

De leur côté, les professionnels de l’installation de chaudières agissent au quotidien pour inciter et informer les consommateurs sur l’intérêt de modifier leur mode de chauffage. Cédric Dillon, chauffagiste à Lure en Haute-Saône, regrette que l’Etat prône la sobriété énergétique et…en même temps…supprime les aides à l’achat de chaudières à Très Haute Performance Energétique !

« Le gaz vert redonne confiance dans l’acte agricole »

Laurent Delain, exploitant agricole en Haute-Saône, a construit une unité de méthanisation en association avec trois autres agriculteurs. L’unité, proche de Vesoul, a la capacité de chauffer 10 000 logements. La méthanisation traite 10 000 tonnes de fumier par an et n’utilise que 10% de cultures intermédiaires.

Reste l’adhésion des habitants. Les unités de méthanisation transforment les paysages. Bien que réduite, la pollution olfactive est réelle et la farandole des camions une réalité même dans une logique d’approvisionnement de proximité.

La réduction des énergies fossiles est un impératif pour réduire les émissions de GES. Transformer les paysages bucoliques du plus beau pays du monde en « usines nucléaires », « usines à vent » et « usines à merde » n’est peut-être pas la solution idéale à long terme. Ce que l’on construit aujourd’hui sera-t-il acceptable par les générations d’après-demain ?

Yves Quemeneur